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Mon Espace Santé en pharmacie

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2022, l’année du virage numérique à ne pas rater pour la pharmacie

Soutenu par une impulsion politique, le système de santé est doté d’une feuille de route ambitieuse pour rattraper son retard technologique et apporter un gain substantiel d’efficience pour les usagers. Le partage et la dématérialisation des données de santé constituent la base du chantier national initié à l’été 2019 avec Ma Santé 2022. Le projet phare du numérique en santé se concrétise aujourd’hui par un carnet digital de santé : « Mon Espace Santé » [1] dont le lancement est officialisé ce 3 février par le ministre Olivier Veran.

Mon Espace Santé, un carnet numérique qui s’enrichira de nouvelles fonctionnalités

Pour la pharmacie, ce virage numérique, se traduit déjà par l’usage de messageries sécurisées de santé et du Dossier Patient élaboré et maintenu par l’Ordre des pharmaciens. Désormais, un carnet digital de santé va être créé pour l’ensemble des Français qui n’auront pas signifié à l’assurance maladie leur opposition. « Mon Espace Santé » va ainsi remplacer le Dossier Médical Partagé (DMP), qui n’avait pas réussi à rentrer dans les usages des professionnels de santé, et s’accompagner de 3 autres grandes fonctionnalités.

Mon Espace Santé

Dans un premier temps, les patients pourront donc, y retrouver une version améliorée du DMP pour stocker et partager leurs documents de santé établis par leur équipe de soins (ordonnances, traitements, résultats d’examens, compte-rendu d’hospitalisation). Les documents sont désormais catégorisés. Les professionnels de santé autorisés par le patients pourront accéder à tout ou partie de ces informations. Une avancée majeure pour les pharmaciens pour remettre dans leur contexte certaines prescriptions. Le DP qui reste un outil métier spécifique aux pharmaciens fait l’objet d’une task force pour s’intégrer à Mon Espace Santé. Autre nouveauté : permettre aux patients de répondre et d’échanger des données sensibles avec leur équipe de soins via une messagerie sécurisée.

Mi 2022, Mon Espace Santé permettra d’accéder à un agenda des RDV médicaux et des dates d’examens clés (bilan, mammographie, vaccination…). Enfin, la 4ème fonctionnalité de Mon Espace Santé est un catalogue d’applications mobiles et de sites web référencés sur la base d’une procédure définie par la puissance publique. Les services sont proposés par des acteurs publics et privés dans les domaines de la santé et du bien-être. 30 solutions co-construisent actuellement ce catalogue d’application de Mon Espace Santé. Il s’agit de services ou applications de prévention de certaines pathologies, de suivi de grossesse, de prise de rendez-vous, de télémédecine, de portails patients des hôpitaux, de suivi de mesures de santé, de coordination de l’équipe de soins, du carnet de vaccinations, développés par des éditeurs, des industriels de dispositifs médicaux, des startups, organismes d’assurance maladie obligatoires ou complémentaires… Parmi les β-testeurs, on retrouve des acteurs familiers de l’officine comme le laboratoire Abbot, Lifescan ou Doctolib.

Quels changements attendre avec Mon Espace Santé en pharmacie ?

Tout d’abord, les pharmaciens vont répondre aux interrogations des patients ! En effet, les assurés sociaux vont être informés par l’Assurance maladie de l’ouverture prochaine de leur espace santé. Ils auront alors 6 semaines pour signifier leur opposition. Ainsi, les pharmacies devront répondre aux questions des usagers sur la sécurisation et l’accès à leurs données, l’intérêt d’un tel carnet ou encore comment y accéder. Il y a donc un enjeu majeur d’information du public et des professionnels de santé. Pour s’informer, un site est destiné au grand public : ouialaesante.fr.

Il faudra attendre la seconde partie de l’année 2022, pour découvrir les autres fonctionnalités (RDV et solutions tiers). L’accès au kiosque d’applications et de sites web représente par exemple l’opportunité pour créer de nouveau parcours de santé puisque la majorité des patients aura un espace de créé.

Cet espace de santé sera le socle de la prochaine grande transformation des parcours de santé à l’officine : la mise en place des ordonnances dématérialisées pour la dispensation des médicaments. En effet, fin 2024[2], les ordonnances dématérialisées remplaceront les ordonnances papier. Les bénéfices nombreux : plus sécurisée, génératrice d’économie pour l’assurance maladie, plus écologique, ont déjà convaincu la Belgique ou l’Allemagne où elle a déjà été adoptée. Les tests actuels pilotés par l’assurance maladie définiront les conditions opérationnelles et techniques finales. Ces e-prescriptions seront accessibles pour les patients depuis Mon Espace santé.

Un changement de paradigme dans le déploiement national

Mon Espace Santé doit également être vu comme un outil utilisé par l’ensemble des professionnels de santé autour du patient. Pour les professionnels de santé, l’interprofessionnalité nécessite des outils adaptés notamment du fait des délégations de tâche comme l’extension des vaccinations à l’officine ou les interventions pharmaceutiques.

L’Agence du Numérique en Santé construit le cadre technique afin que les professionnels de santé puissent accéder et téléverser dans le carnet numérique de leurs patients. Les référentiels techniques constituent la norme à laquelle les éditeurs devront se conformer en garantissant l’usage éthique, sécurisé et interopérable des données de santé des usagers. Pour créer cette interopérabilité qui fait actuellement défaut, la méthode employée n’est plus une incitation financière mais bien une condition sine qua non pour percevoir une partie de la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique (ROSP). En d’autres termes, le logiciel métier du pharmacien va devoir communiquer avec Mon Espace Santé. Les pharmaciens devront prouver que leur logiciel métier est labellisé par l’Agence du Numérique en Santé et donc compatible avec les outils numériques nationaux (la messagerie sécurisée, Mon Espace santé, l’identifiant NIR des patients, la e-prescription …) pour être éligibles aux financements Ségur. (Les modalités sont actuellement négociées dans le cadre du nouvel avenant à la convention pharmaceutique).

Ce sont donc de grands chantiers structurels qui s’annoncent de manière transversale pour les professionnels de santé. Aux pharmaciens de s’approprier ces nouveaux outils mis à disposition par l’Etat, en Allemagne ou en Suisse, ce sont des écosystèmes privés qui émergent et proposent des parcours de santé très numériques.


[1] https://www.monespacesante.fr/

[2] Ordonnance n° 2020-1408 du 18 novembre 2020 portant mise en œuvre de la prescription électronique

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