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Quelles initiatives en pharmacie pour lutter contre le Covid-19 ?

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Les pharmaciens en 1ère ligne de la pandémie de Covid-19 se mobilisent pour rassurer la population et garantir l’accès aux médicaments aux patients. Le 21 février dernier les français rapatriés de Chine entamaient leur quarantaine. Aujourd’hui, c’est toute la France qui est confinée. A l’ère numérique, quels bénéfices peuvent apporter les nouvelles technologies dans cette période de gestion de crise ?

La communication sur le Covid-19 à l’ère numérique

On peut distinguer d’une part les informations dont ont connaissance les patients et d’autre part les consignes adressées aux professionnels
de santé.

Lutter contre les FakeNews

Avec les réseaux sociaux, les informations circulent vite. Toutefois, le caractère viral est malheureusement inversement proportionnel à la véracité des informations. Les plateformes comme Facebook, Twitter, LikedIn et YouTube de Google ont publié une déclaration commune expliquant leur engagement dans la lutte contre la désinformation. Elles peinent à enrayer les « fake news » et les outils de modérations sont dépassés par la crise du Covid-19. Les modérateurs humains de contenus mis au chômage technique avec le confinement laissent la place aux algorithmes de machine learning. Les systèmes automatisés retirent donc du contenu sans examen humain. Chacun peut également être acteur contre les #FakeNews comme par exemple en signalant du contenu qui mettrait en danger la santé des socionautes.

En passant on peut également remarquer leur manque d’action concrète
sur la pandémie hormis leur mise en alerte pour assurer la pérennité de leurs services.

Informer les professionnels de santé

L’Ordre et les syndicats se mobilisent pour faire passer les messages de prévention aux pharmaciens et leur obtenir des moyens pour lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid-19 : le droit de préparer des solutions hydro-alcooliques, le renouvellement des traitements chroniques, l’attribution de matériel de protections… Une conférence en ligne a réuni la présidente de l’ordre, le ministre de la santé et les 2 présidents des syndicats majoritaires le 11 mars après 3 semaines de flou. D’autres outils comme l’alerte DP ou DGS-urgent pour l’ensemble des professionnels de santé permettent également de diffuser largement les informations officielles. La presse professionnelle se mobilise pour faciliter l’accès à une information fiable. Les parutions du groupe Nehs (MNH), dont le Quotidien du pharmacien, met à disposition des professionnels de santé gratuitement leurs articles sur le Covid-19 sur une plateforme dédiée.

Enfin, de nombreux pharmaciens partagent sur Twitter ou Facebook leur désarrois face à des patients pas toujours rationnels ainsi que des
conseils, bonnes pratiques et du soutien. On peut y suivre également de nombreux médecins généralistes qui prodiguent des recommandations et l’évolution de leur activité sur le terrain.

Le virage numérique des organisations

La réactivité et la diffusion de messages clairs sont les atouts de la communication de crise. Ainsi les groupements ayant entamé leur virage numérique, disposent de plateforme de communication et d’équipe prêtes à diffuser massivement les consignes officielles et éviter aux pharmaciens de perdre du temps à chercher l’information. Selon nos estimations, un tiers des pharmacies font partis d’un groupement doté d’un intranet ou d’un réseau de communication inter-officines.

Les groupements s’adressant au grand public ont capitalisé sur leur audience pour diffuser des messages de préventions. On peut citer les Pharmacies Lafayette, Apothical à Valence, Pharmabest particulièrement actives sur Instagram.

Posts sur Instagram du 18 mars 2020

Les éditeurs ont également rapidement adapté leurs outils à la gestion du Covid 19. Comme la start-up Bordelaise mesoigner qui a annoncé le 17 mars offrir gratuitement sa solution sécurisée de scan d’ordonnance et de prise de RDV, durant toute l’épidémie, à tous les pharmaciens qui le souhaitent. Pharmanity a également communiqué en ce sens pour 200 de ses clients pharmaciens avant de l’élargir à l’ensemble des pharmacies tout comme la start-up nantaise Valwin. Le leader dans la gestion des e-pharmacies, Me soigner, constate une augmentation par 8 du nombre d’ordonnances envoyées électroniquement sur les sites de ses pharmacies référencées et 15 fois plus de commandes passées en ligne (médicaments et parapharmacie). Les usages se développent pour minimiser les contacts en officine ainsi que les livraisons à domicile. Les modalités des livraisons e-commerce viennent d’ailleurs d’être mises à jour par la publication d’un guide de 5 règles pratiques adaptées à la crise sanitaire.

Des développements pour répondre à la crise sanitaire

Mobiliser les ressources disponibles

La fermeture des écoles et la sur-sollicitassion des pharmacies ont créé une situation exceptionnelle de tension dans les équipes officinales. L’Anepf soutenue par l’Ordre a développé une plateforme web pour mettre en relation les étudiants en pharmacies avec les pharmacies en pénurie de personnel. Les titulaires formulent leur demande via le site de l’Ordre et les étudiants peuvent les consulter et y répondre sur le site Pharm’Help.

PharmHelp Source : Anepf

L’initiative est louable car les femmes représentent 81% des effectifs des pharmaciens adjoints [1]. Même si les écoles sont tenues d’accueillir les enfants des professionnels de santé, les horaires sont incompatibles avec le surcroît de fréquentation de ces derniers jours. Le contrôle accru du confinement devrait restreindre les déplacements inutiles et la fréquentation semble maintenant évoluer vers un retour à la normale. Toutefois la situation médicale du pays va se compliquer avec un pic de malades attendu la semaine prochaine dont malheureusement feront partie les professionnels de santé en 1ère ligne dont les pharmaciens et les médecins généralistes. Pour remplacer les pharmaciens malades, la plateforme pourrait également s’ouvrir aux diplômés entre 2 postes (ce qui n’a pas été annoncé à date).

Désengorger le 15

Autre exemple, la start-up Urgences Chrono informe les usagers des options de prises en charges médicales et de leurs délais d’attente à proximité[2] sur sa plateforme (web et app mobiles). Pour éviter l’encombrement du 15 liée au Covid 19, Urgences Chrono a créé une page d’information dédiée sous forme de questions réponses et un raccourci vers des solutions de téléconsultations. Le prochain développement annoncé permettra aux patients d’envoyer leurs ordonnances en pharmacie.   

Nouvel exercice de la médecine et la télémédecine

Cette crise sanitaire aura probablement fait bouger significativement et durablement les lignes pour la téléconsultation. Les acteurs privés ont été les 1ers à identifier le besoin et adapter leur offre. Doctolib, leader de la prise de RDV en ligne et éditeur de solution logiciel pour la téléconsultation avait annoncé la gratuité de ses services début mars suivi par CompuGroup Médical ou doctoconsult. Les agences régionales de santé ont mis du temps à réagir et promouvoir leurs plateformes de télémédecine. Par exemple, l’ARS des Haut de France a accéléré le déploiement de sa plateforme Predice (initiée mi 2018 et opérationnelle depuis juillet 2019). Les médecins de la région sont invités à s’inscrire par mail pour pouvoir mener des téléconsultations de façon sécurisée.

Un cadre réglementaire adapté à la crise

Suite à l’appel de nombreux médecins et de leurs organisations syndicales, le cadre réglementaire du conventionnement de la téléconsultation a été assoupli pour permettre de façon transitoire un recours massif et le remboursement hors parcours de soin[3]. Depuis le confinement, le ministère encourage les médecins, les sages femmes et les infirmiers à s’équiper en solutions de téléconsultation et de télésuivi pour prendre en charge des patients atteints de Covid-19. Le gouvernement a lancé un appel aux acteurs à se faire connaitre et publie une liste référençant une centaine de plateformes ainsi que des notations sur l’aspect sécuritaire et fonctionnel de ces solutions.

Certains acteurs communiquent des augmentations évocatrices : sur Doctolib, au cours des 2 dernières semaines en France dans les agendas des médecins généralistes français inscrits, 1 RDV sur 5 est pris pour des téléconsultations ! (18% soit 5 fois plus que la part observée avant la crise du Covid-19[4]). Medaviz autre opérateur pour les libéraux inscrits 300 à 400 nouveaux praticiens par jour. On peut penser que dans les zones à faible couverture médicale et les zone blanche en couverture réseau, la pharmacie puisse être le lieu le plus adapté pour les patients afin d’accéder à un médecin. En juillet dernier, 5% des pharmaciens déclaraient proposer une solution de téléconsultation à l’officine[5]. (articles sur la télémédecine à retrouver içi)

Il y aura un avant et un après cette crise sanitaire majeure. En 1er lieu, la reconnaissance du rôle essentiel et en 1ère ligne des pharmaciens ce qui n’était pas le cas lors des premières annonces officielles de gestion de cette crise …


Sources :

[1] Démographie des pharmaciens au 1er janvier 2019, Ordre national des pharmaciens

[2] Si l‘annuaire des établissements de santé est à jour pour l’ensemble de la France, le service n’est déployé que dans le Sud Ouest pour les délais d « attente.

[3] Décret du 10 mars 2020 précisant les dérogations des actes des télémédecine liés au Covid-19

[4] Source : Blog Doctolib au 17/03/20

[5] « Télémédecine et télésoin, l’heure du passage à l’échelle » édition 2019 Les Echos Etudes

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