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Au cours de ces 10 dernières années, la diversification des activités pharmaceutiques a conforté le rôle du pharmacien dans ses missions de conseil, d’accompagnement, de dépistage et de prévention.
Quels seront les sujets et les tendances en santé à suivre en 2020 pour la pharmacie ?
De nouvelles missions de santé
Une partie des missions sont prises en charge par l’assurance maladie comme les entretiens pharmaceutiques, les bilans partagés de médication (BPM) et plus récemment la vaccination antigrippale. Si les entretiens ou les BPM n’ont séduit qu’une petite partie des pharmacies (15% des pharmacies ont pratiqué des BPM selon l’assurance maladie), la vaccination est, quant à elle, un succès (un quart des Français vaccinés l’ont été par leur pharmacien[1]). En 2020 les BPM devraient bénéficier d’une rémunération à l’acte au lieu du paiement différé.
Les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) de l’angine seront également pris en charge dès le printemps par l’assurance maladie pour contribuer à limiter l’administration inutile d’antibiotiques sur les cas viraux.[2] Les pharmaciens peuvent continuer de réaliser hors conventionnement les TROD autorisés par l’arrêté du 1er août 2016 (glycémie capillaire, angine et grippe). Ont été également actés, la dispensation sous protocole de médicaments listés pour la cystite et les maux de gorge aigus ainsi que le renouvellement ou l’adaptation d’ordonnance par les pharmaciens correspondants (en attente de recommandations de la HAS et de la publication des arrêtés).
Des services à créer
Le décret dit « service » d’octobre 2018 a permis d’inscrire dans la loi de santé la possibilité pour la pharmacie de réaliser et éventuellement tarifer des « conseils et prestations dans le but de favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes ». Donc hors champ conventionnel avec l’assurance maladie, ce sont de nouveaux modèles économiques pour des services de santé qui devraient se développer en impliquant le patient, les complémentaires santé ou les partenaires du pharmacien comme les laboratoires. Pour illustrer ce type de nouveau service, on peut citer l’initiative de Pharmabest dans le dépistage des cancers cutanés par téléexpertise payé par le patient, le rééquilibrage alimentaire des patients diabétiques mené par PharmaCorp avec une mutuelle, ou tout simplement la livraison de médicaments au domicile du patient offerte en tout ou partie par le pharmacien.
Avec la télésanté, un nouveau pan de services voit le jour en pharmacie. La téléconsultation est possible en pharmacie depuis septembre dernier et le télésoin a fait son entrée dans la dernière loi de santé [3].(article sur le sujet)
La téléconsultation est complexe à mettre en œuvre pour respecter le parcours de soin du patient et le pharmacien reste toutefois « cantonné » à un rôle de professionnel de santé accompagnant. Le télésoin semble une opportunité intéressante pour les pharmacies qui souhaitent interagir à distance avec leurs patients. Il est d’ores et déjà prévu la possibilité de pratiquer à distance des entretiens pharmaceutiques avec les patients connus de la pharmacie. 2020 devrait donc voir se concrétiser cette activité par la signature des avenants aux conventions professionnelles et leur transposition par arrêtés. La Haute Autorité de Santé (HAS) devra préciser « les conditions de réalisation garantissant la qualité, la sécurité et la pertinence du télésoin ».
Les innovations de « Ma Santé 2022 » à suivre
Dans le cadre de la transformation numérique du système de santé, les projets auront des implémentations concrètes en pharmacie.
Ces projets concernent l’organisation de l’offre de soin en ville notamment avec la création de communautés professionnelles territoriales de santé (400 CPTS recensées en décembre 2019[4]). Une poignée de pharmacies ont déjà rejoint des CPTS dans des projets de santé locaux ou de télémédecine.
Les référentiels et outils socles sont déployés progressivement [5].
- 8,4 millions de dossiers médicaux partagés (DMP) ont été créés mais ils souffrent d’une faible alimentation. L’enjeu pour l’assurance maladie en 2020 est donc de le promouvoir auprès des établissements de santé, des EHPAD, des biologistes, des radiologues et des médecins généralistes, ainsi que de simplifier l’intégration du DMP dans les logiciels métier. La connexion du dossier pharmaceutique au DMP est prévue en fin d’année.
- L’identification numérique des professionnels et des patients est également un des chantiers technologiques au sein d’un même référentiel national. Il s’agit de la dématérialisation des moyens d’authentification au moyen de l’appli carte Vitale (ap-CV en pilote dans les départements du Rhône et des Alpes-Maritimes jusqu’à la fin mai 2020) ou la e-CPS (en version dégradée depuis septembre 2019 puis sur Smartphone au 1er semestre 2020).
- La messagerie sécurisée de santé MSSanté vise à garantir le secret professionnel, la protection des données patients et respecter le cadre légal dans les échanges inter pro. Elle est actuellement utilisée par 52,2 % des pharmaciens d’officine.
- L’e-prescription est entrée dans sa 2ème phase de test. La dématérialisation et la sécurisation des échanges entre le médecin et le pharmacien fonctionne en codifiant le contenu de la prescription (uniquement médicaments) sur un serveur partagé. 6 éditeurs de logiciels participent à cette expérimentation en vue de la généralisation en 2020 avec pour objectif qu’il y ait 10 000 prescripteurs utilisateurs. En pharmacie, l’e-prescription est une attente forte pour la télémédecine et la livraison de médicaments. Pour rappel, une pharmacie ne peut délivrer des médicaments listés que sur présentation de l’original papier d’une ordonnance. Cet aspect réglementaire oblige par exemple les acteurs de la livraison à un aller et retour chez le patient pour récupérer l’exemplaire original de la prescription et alourdit le modèle économique.
- Enfin, l’outil de coordination e-parcours regroupe les services numériques territoriaux autour du patient (dont le DMP et MSSanté). 90 projets territoriaux ont d’ores et déjà été financés couvrant une population de 32 millions d’habitants.
Les usages numériques des patients et les tendances à suivre
L’accès à internet et le taux d’équipement ont atteint l’étape de la maturité en France. 88% de la population surfe sur le Web et 95% des français sont équipé d’un téléphone mobile dont 77% d’un Smartphone. Les jeunes générations sont pratiquement toutes équipées d’un téléphone intelligent et l’usage est quotidien (94% des mobinautes). Désormais, une majorité (51%) d’individus privilégie le smartphone pour se connecter à internet (vs 31% de préférence pour une connexion par ordinateur). [6]
L’essor du mobile est incontestable, modifiant les usages du e-commerce et du social media.
Si les années 2000 ont été celles des applications mobiles, la saturation semble atteinte et les usages se concentrent sur les applications sociales. 60% de la population dispose d’au moins un compte sur un réseau social [6] et y passe en moyenne 1h17 par jour [7] . A noter que l’amélioration de la navigation en mobilité grâce aux technologiques WPA contribue également les mobinautes à ne plus télécharger de nouvelles applications. Concrètement, si une pharmacie s’interroge le canal de mise à disposition d’un service en ligne (scan d’ordonnance, prise de RDV…), en 2020, le navigateur web du mobile est à privilégier.
Le paiement avec un mobile se développe puisqu’un quart des mobinautes (26%) l’utilisent déjà via le sans contact ou des applications de paiement, et 65% achètent en ligne sur mobile avec une CB [8].
Avec le mobile, une tendance majeure se dessine avec la voix.
19% des internautes français utilisent la recherche vocale tous supports confondus (Assistant virtuels Google Assistant et Siri embaqués sur les Smartphones, Alexa sur l’enceinte connecté d’Amazon et Cortana de Microsoft)[7]. En conséquence, c’est un nouveau chantier sur le SEO qui s’annonce en 2020 : rendre le référencement compatible avec les recherches vocales (formulation en question, requêtes locales, site mobile first et page Google My Business à jour).
Toutefois, l’illectronisme et les zones blanches de couverture ne doivent pas être négligés surtout pour une pharmacie.
17 % de la population[9] est concerné par l’illettrisme numérique. Les personnes les plus âgées, les moins diplômées, aux revenus modestes, celles vivant seules ou en couple sans enfant ou encore résidant dans les DOM sont les plus touchées par le défaut d’équipement comme par le manque de compétences. Quant à l’absence d’accès à un réseau internet ou mobile, l’ARCEP dénombre 4000 communes, ce qui représente environ 1% de la population. A noter que ces zones non couvertes sont également les zones en déficit de ressources médicales soit, une double peine pour la population. Dans ces environnements, la pharmacie rurale est souvent le premier accès à un professionnel de santé mais fragilisée par la menace des départs à la retraite des médecins et le manque de temps et d’investissement pour organiser le recours à la téléconsultation pour les patients. Gageons qu’en 2020, les ARS apportent des solutions adaptées à ces pharmacies ne serait-ce qu’en portant à leur connaissance les plateformes et les outils existants (par exemple dans le Limousin la plateforme régionale de Télémédecine TéléA développée par l’ARS de Nouvelle aquitaine).
A suivre, la seconde partie de ces tendances pour 2020 : l’évolution du commerce.
Sources :
[1] FSPF 20 novembre 2019
[2] Avenant 18 à la convention pharmaceutique, en attente de décret
[3] Loi n° 2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé ttps://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2019/7/24/SSAX1900401L/jo/texte
[4] Ministère de la santé
[5] Etat d’avancement de la feuille de route du numérique en santé, ASIP décembre 2019
[6] Baromètre du numérique réalisé par le CREDOC pour l’Arcep, le CGE et l’Agence du Numérique Nov. 2019
[7] Baromètre du digital HootSuite & WeAreSocial 2019
[8] 4ème édition du baromètre sur les usages du mobile réalisé par Open, Testapic et l’EBG, édition 2019
[9] Données Insee 2019
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